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L'augmentation du pouvoir d'achat et de l'épargne n'empêche pas les ménages de rester prudents

L’économie française a progressé de 0,4 % au troisième trimestre 2024, selon les derniers chiffres confirmés par l’INSEE. Si cette hausse modeste du PIB témoigne d’une relative stabilité, elle cache une évolution notable du comportement des ménages. 

 

Boostés par une augmentation de 0,7 % de leur pouvoir d’achat, ces derniers n’ont pas cédé à la tentation de consommer davantage. Au contraire, ils ont préféré renforcer leur effort d’épargne, alimenté par un contexte économique et politique encore incertain.
 

Un gain de pouvoir d’achat bienvenu
Le revenu disponible brut des ménages, ajusté par unité de consommation, a enregistré une nette progression au troisième trimestre. Cette amélioration s’inscrit dans une tendance de reprise amorcée au trimestre précédent (+0,4 %). La baisse progressive de l’inflation, combinée à des ajustements salariaux dans plusieurs secteurs, a permis de redonner un peu d’oxygène aux ménages.
 

Pourtant, cette embellie ne s’est pas traduite par une hausse de la consommation. Les ménages ont choisi de capitaliser sur ces gains en épargnant davantage. Une décision qui s’explique, selon les analystes, par une perception encore négative de leur situation économique à moyen terme. Les ménages perçoivent une amélioration des chiffres, mais pas encore dans leur quotidien. Ils restent sur leurs gardes.
 

Une épargne en plein essor
Les chiffres de l’INSEE confirment cette prudence : le taux d’épargne des ménages a atteint 18,2 % de leur revenu disponible brut au troisième trimestre, contre 17,9 % au trimestre précédent. Le taux d’épargne financière, en particulier, a bondi à 8,8 %, alors qu’il n’était que de 6,2 % un an plus tôt. Cette évolution marque une préférence accrue pour des placements sécurisés comme le Livret A, dont la collecte atteint des niveaux records en 2024.
Les incertitudes politiques et économiques jouent un rôle majeur dans cette dynamique. Les ménages se protègent face à des craintes persistantes, comme une possible hausse des impôts ou un climat économique instable.
 

L’inflation en recul, mais un ressenti négatif
Malgré une baisse de l’inflation par rapport aux sommets atteints en 2023, les ménages restent méfiants. "Le ressenti sur le niveau de vie ne s’améliore que lentement, car les hausses de prix passées continuent de peser sur le budget des ménages", détaille un rapport de l’INSEE. Les dépenses contraintes, telles que l’énergie ou l’alimentation, bien que stabilisées, restent élevées, ce qui limite la perception d’un véritable soulagement.
L’incertitude politique, amplifiée par des tensions internationales et des débats internes autour de la fiscalité, renforce cet attentisme. Les ménages préfèrent épargner en prévision de mauvaises surprises, plutôt que de se laisser porter par une reprise encore fragile.
 

Un rebond attendu pour les fêtes, mais sans excès
Avec l’arrivée des fêtes de fin d’année, les ménages devraient toutefois relâcher un peu leur effort d’épargne. La consommation, traditionnellement dopée en cette période, pourrait bénéficier de l’augmentation récente du pouvoir d’achat. Mais selon les analystes, ce rebond sera modéré.
 

Les secteurs de la grande distribution et des biens non essentiels, comme les jouets et l’électronique, pourraient tirer leur épingle du jeu, mais sans retrouver les niveaux d’avant-crise. Les commerçants anticipent déjà des ventes sous tension, marquées par une quête accrue de promotions et d’achats responsables.
 

Une tendance à surveiller
Si l’épargne des ménages continue de progresser à ce rythme, elle pourrait jouer un rôle paradoxal dans l’économie. D’un côté, elle renforce la résilience financière des ménages face aux imprévus. De l’autre, elle freine la reprise de la consommation, moteur traditionnel de la croissance française.
 

Il est impératif de restaurer la confiance pour rééquilibrer les comportements économiques. Cela passe par une visibilité accrue sur les politiques fiscales et économiques, mais aussi par une communication plus claire sur les impacts réels de la baisse de l’inflation.
 

En attendant, l’économie française devra composer avec des ménages prudents et une consommation en demi-teinte, tandis que les records d’épargne continuent de grimper. Une double dynamique qui, si elle témoigne de la résilience des Français, souligne aussi leurs incertitudes face à l’avenir.
 


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